Les sapeurs-pompiers sont confrontés à de multiples traumatismes : perte d’un proche, accident, perte d’une maison, d’un outil de production, blessures graves, etc. Le traumatisme existe et se définit d’abord du point de vue de celui qui vit un événement éprouvant. Les conséquences émotionnelles pénibles sont variables d’un sujet à l’autre.
L’enfant qui perd son animal de compagnie vit un traumatisme au même titre que l’agriculteur qui voit ses bâtiments partir en flammes.
Face aux traumatismes, les sapeurs-pompiers mobilisent des techniques issues de la PNL.
Le contexte d’intervention des sapeurs-pompiers tente de rapprocher deux notions qui peuvent paraître antinomiques : la notion d’urgence et la nécessité d’établir le rapport.
Les sapeurs-pompiers doivent engager rapidement les actions adaptées à l’état de la victime pour éviter une aggravation de son état physique et psychologique. Pour ce faire, ils ont besoin de recueillir des informations sur le contexte, le nombre et la nature des lésions. Or, sur place, leur ressource principale n’est autre que la victime elle-même. La qualité de la relation influence l’ensemble de la prise en charge.
Afin de créer une relation de confiance, la première action du secouriste lors de la phase dite de l’« abordage de la victime », est de se placer à la hauteur de celle-ci surtout si elle est au sol, il se synchronise physiquement avec elle puis verbalement et vulgarisant ses propos.
Parfois les victimes sont prostrées, paniquées, elles ne parlent pas. Dans ce cas, le sapeur-pompier guette la moindre réaction à son questionnement. Pour localiser les blessures et déterminer l’intensité de la douleur, la calibration a une place majeure dans la prise en charge d’une victime qui ne verbalise pas toujours clairement ses ressentis. L’expérience démontre qu’une personne qui semble indemne peut vite décompenser si ses blessures sont internes. L’observation permanente par la calibration est une donnée essentielle de la gestion d’une intervention.
L’écoute active est également enseignée aux sapeurs-pompiers, notamment, la reformulation et la relance :
– « J’ai mal là, à la jambe »
– « Vous avez ma à la jambe, la jambe gauche ? c’est bien ça ? »
– « Oui »
– « Est-ce que vous avez mal autre part ? » Etc.
Pendant la phase dite de « reconnaissance », le questionnement est indispensable pour comprendre le contexte de l’intervention, dimensionner la réponse, pratiquer les gestes adaptés.
Il y a quelques années, je suis intervenue sur un accident de la circulation en pleine nuit. Lorsque nous sommes arrivés sur les lieux, nous avons découvert un véhicule accidenté. A l’intérieur, une personne était blessée mais consciente :
– « Bonjour Monsieur, ce sont les pompiers, nous allons nous occuper de vous, que s’est-il passé ? »
– « On a eu un accident »
– « On ? vous étiez plusieurs dans le véhicule ? »,
– « Oui »- « Il y avait qui d’autres avec vous ? »
– « Mon frère et sa femme »
– « Ok, vous savez où ils sont ? » Etc.
Sans le questionnement, nous aurions pu passer à côté des autres victimes éjectées du véhicule. Le questionnement de l’omission a permis de redimensionner l’intervention, de faire une demande de renforts, d’organiser la zone d’intervention pour retrouver et prendre en charge l’ensemble des victimes de l’accident.
Dans le cadre du bilan secouriste, la prise de connaissance des antécédents médicaux, de l’antériorité des douleurs, du contexte du malaise ou des blessures, etc. passent par l’utilisation du metamodele.
Il s’agit également de rendre la personne sujet de sa prise en charge en lui expliquant les différentes étapes de sa prise en charge et en lui demandant de se mobiliser pour répondre le mieux possible à nos questions.
Enfin, prendre le temps de rejoindre la personne en détresse dans sa carte du monde est un préalable indispensable pour l’accompagner vers un apaisement. Il n’est pas question d’affronter l’homme qui se montre agressif envers les équipes de secours devant sa maison en flammes, alors qu’en réalité il est dépassé par la situation et pris d’un sentiment de culpabilité. L’empathie est une donnée essentielle de la prise en charge des victimes, c’est même une compétence professionnelle.
En restant élevé, le niveau de stress et de détresse d’une victime peut aggraver la blessure psychologique. L’objectif de l’intervenant est de limiter les effets nocifs d’une situation stressante en procédant à sa « stabilisation psycho-émotionnelle ». Il s’agit de défocaliser l’attention de la victime d’un environnement stressant (le lieu de l’intervention, les gyrophares, le va-et-vient des équipes, etc.) et de focaliser son attention sur un lieu agréable, sur la voix du secouriste qui la guide, etc.
Les métaphores sont également invitées, notamment lors de la prise en charge des enfants. La reine des neiges apporte sa contribution, par exemple, dans le traitement des brûlures.
Au-delà des interventions, la PNL a contribué à favoriser le changement de posture des formateurs sapeurs-pompiers dans le cadre d’une réforme majeure vécue par la profession à partir de 2017. C’est un virage à 180 degrés que les formateurs ont dû faire, plaçant à la retraite d’office le « sergent-instructeur » pour laisser entrer des « formateurs-accompagnateurs ». Les formateurs ne sont plus face aux apprenants, ils sont désormais à côté d’eux voire légèrement en retrait derrière eux et accompagnent le développement des compétences.
Les outils et techniques de la PNL se sont révélés particulièrement appropriés pour former les nouveaux formateurs à l’accompagnement et leur permettre d’adopter la nouvelle posture attendue.
Pour conclure, la PNL est bien présente chez les sapeurs-pompiers. D’abord sur le terrain opérationnel, ses applications tendent aujourd’hui à s’étendre dans les domaines de la formation, du management ou de l’accompagnement au changement.